lundi 27 novembre 2017

LES VANUATU : DE EFATE AUX ILES BANKS

Après nos escales sur Anatom et Tanna, les deux îles les plus au sud, nous poursuivons notre périple aux Vanuatu par l'île d'Efate où se trouve la capitale, Port Vila. Nous y refaisons les pleins en tous genres et continuons notre route vers le nord de l'archipel en s’arrêtant sur pratiquement toutes les îles : Emae, Epi, Malekulo, Ambrym, Pentecost, Santo, Ambae, Maewo et enfin, les îles Banks situées à 1500 km de l'équateur.

Ce périple a duré trois mois durant lesquels nous avons multiplié les mouillages et les rencontres, parfois dans des endroits qui nous ont semblé à l'écart du temps.


Nous voilà partis pour trois mois de vagabondage dans une douzaine d'îles réparties sur plus de 500 milles nautiques. 


Attention aux atterrissages, les cartes étant plus qu'imprécises. Arrivées de jour obligatoires.


Aux Vanuatu, la nature peut être austère, violente, tout comme elle peut être douceur et accueil. L'origine volcanique de ces îles y est sûrement pour quelque chose. Ainsi, les plages de cartes postales aux eaux cristallines, sable blanc et cocotiers voisinent avec des paysages durs, presque angoissants où on sent bien que la vie n'est pas toujours facile.


Les magnifiques banians avec leurs racines aériennes: souvent plus de trente mètres de haut et 10 mètres de circonférence. 

Tout au nord, dans l'archipel des Banks, mouillage loin de tout dans l'ancien cratère du volcan de l'île de Ureparapara. 






Ambrym, un des volcans les plus actifs des Vanuatu ...

... avec le lac de lave, bouillonnant au fond du cratère. 
Perruches et grandes roussettes nous accompagnent lors de nos balades.


Et on trouve aussi, comme partout sous les tropiques, les fonds colorés et les plages desertes.


Quand on entre dans la plupart des villages, on ne peut pas s’empêcher de penser que les premiers voyageurs découvrant ces îles ont vu la même chose que nous: des maisons faites de bambous, de feuilles de pandanus et de cocotiers, la fumée des feux de bois dans les cuisines pour la préparation du repas, une myriade d'enfants jouant sur la plage.
Peu de temps après avoir mouillé, une pirogue vient le long du bateau pour un simple bonjour et un premier échange : quel est ton nom ? d’où viens tu ? Où vas tu ?  

Dans la montagne de Pentcost.
En général, on ne visite pas un village sans l'approbation du chef qui, après s'être renseigné sur qui nous sommes, nous autorisera à poursuivre notre route.

Les villages sont structurés en quartiers, chacun regroupant une famille qu'il faut comprendre au sens très large. Les chefferies sont très hiérarchisées avec des "petits chefs" au sein de chaque famille jusqu'aux "grands chefs" qui règnent sur de vastes territoires.

Aux îles Banks, l'accueil des enfants et des chefs.




Les cases traditionnelles sont sommaires mais souvent fabriquées avec gout. On ne se lasse pas de les admirer au détour du chemin car, construites uniquement de végétaux, elles sont en parfaite harmonie avec leur environnement.





Vestige de la colonisation, les langues officielles sont l'anglais et le français, mais celle des ni-vanuatais est le bislama. C'est une sorte d'anglais et de français simplifié. A vous de traduire.
En plus, chaque île, ou même portion d'île, a sa propre langue. Il n'est donc pas rare de rencontrer des gens quadrilingue.

Les troncs à fente.  Le tamtam ni-vanuatais.


Comme dans toutes les îles, le bateau ravitailleur, essentiel à la vie du village. 





L'autorité de l'église est incontestée. La messe rythme le temps et la ferveur des chants nous fait comprendre combien ce rituel soude ces communautés isolées. 

Pour nous, participer à la messe est une marque de respect, c'est aussi une façon efficace de mieux s’intégrer et de créer des liens.

L'art du tressage. On fait de tout en pandanus,  nattes, paniers, maisons...


La tombe d'un chef dont l'enclos, totalement tabou, est ceinturé par les palmiers sacrés. 

Autre élément essentiel du village : l'école. Du kinder garden pour les plus petits au collège (les lycées sont à Port Vila ou Luganville), l'éducation est une priorité. On appelle l’instituteur « monsieur ». Les familles font des efforts financiers importants pour inscrire, équiper et habiller leurs enfants, même si on voit bien que l'isolement de certaines îles crée des disparités difficiles à combler.  

La pose de midi dans une école primaire sur l'île de Malo. 

La petite école de Tossi dans la montagne de Pentecost. Nous y avons présenté le film de nos voyages.




Le lakamale est en règle générale une maison commune où on se regroupe pour tous les événements importants du village. Le soir venu, les hommes s'y rassemblent autour du chef pour discuter des décisions à prendre tout en buvant le Kava, boisson tirée de la racine d'une plante particulièrement cultivée aux Vanuatu.
Cependant, évolution des sociétés oblige, si la fonction du lakamale est toujours très importante dans les îles reculées, elle l'est devenue beaucoup moins dans beaucoup d'endroits. En ville, les lakamales traditionnels ont disparu au profit de simples bars à kava.   


Ce soir, tout le village sera réuni dans le lakamale. On fait chauffer les pierres pour la préparation du repas commun.


La vie des gens est axée sur l'essentiel. Peu d'argent circule. La nourriture vient des jardins où on cultive le taro, l'igname et le manioc, améliorée pour les grandes occasions de cochons ou de poulets. Très peu de poissons, les ni-vanuatais sont des agriculteurs, non des pêcheurs.
On appelle jardin les champs situés autour du village. Si la générosité de la terre le permet, ils sont à proximité immédiate des maisons, mais ils peuvent aussi être à plus d'une heure de marche, accessibles par des sentiers escarpés à travers la forêt. Le jardin est le principal travail du ni-vanuatais et sa véritable richesse qu'il préserve des regards extérieurs. C'est de lui que dépend l'alimentation de la famille. Hommes et femmes participent à son entretien et aux récoltes.   





Le kava est plus qu'une institution dans les îles de l'ouest pacifique, c'est la plante du peuple mélanésien. Ses propriétés aphrodisiaques font dire d'elle qu'elle permet de raisonner dans le calme et donne la paix.
Les femmes sont traditionnellement exclues du rite du kava mais là encore, les choses changent et seules certaines îles comme Tanna maintiennent strictement cette règle.


Selon les endroits, la préparation du kava diffère mais, en règle générale, il est broyé, mélangé à de l'eau et filtré. 




Le kava est une richesse pour certaines îles. Il est réputé être le meilleur à Pentecost et Epi d'où il est exporté vers Port vila et Lunganville, mais aussi vers les autres îles du pacifique.

Jadis, les mélanésiens venus de l'ouest ont entrepris sur de grandes pirogues un difficile voyage contre les vents et l'océan pour découvrir et peupler ces îles. Aujourd'hui, les pirogues traditionnelles à balancier sont de dimensions réduites et ne peuvent pas affronter la haute mer. Faute de moteur, beaucoup trop cher, elles sont cependant journellement utilisées pour pécher dans les baies et transporter les produits des jardins.




En ville, les pirogues motorisées on fait leur apparition et servent d'autobus.

Aux Banks, à Ureparapara, le chef David pose fièrement devant la pirogue offert par la France, seul lien avec le principal village de l'archipel situé à plus de trois heures de navigation difficile.

Les voiliers ne sont pas oubliés et certains villages se sont organisés pour accueillir les voyageurs de passage.

Chez Maria à Pentecost.




Merci à Cathy et Joël pour les nombreuses photos qui illustrent cet article.